Contexte : Pourquoi cette thèse aujourd’hui ?
Trois actualités ce 9 octobre 2025 cristallisent une tension :
Intel et son 18A : La firme annonce Panther Lake, un processeur gravé en 18 angströms (1,8 nm), censé révolutionner l’IA avec des gains d’efficacité énergétique. Problème : ces puces coûteront une fortune, seront réservées à une élite, et leur utilité réelle pour l’IA reste floue.
Les ensembles en ML : Un article sur Habr rappelle que des algorithmes comme les forêts aléatoires ou le gradient boosting (XGBoost, LightGBM) dominent encore des tâches critiques — sans avoir besoin de GPU monstrueux.
Les agents IA pour le SEO : Une autre publication montre comment des micro-modèles spécialisés (et non un LLMs géant) automatisent 98 % des tâches SEO, avec une qualité équivalente.
Le paradoxe : Pendant que Nvidia et Intel dépensent des milliards pour repousser les limites physiques du silicium, des solutions bien plus sobres — mais moins "sexy" — résolvent des problèmes concrets aujourd’hui.
Analyse : Quand moins = plus (si on sait assembler)
1. Le mythe du "processeur miracle"
Intel mise sur le 18A pour "démocratiser" l’IA. Mais :
Coût prohibitif : Une puce 18A coûtera 5 à 10 fois plus cher qu’un 5 nm actuel. Qui pourra se l’offrir, hormis les GAFAM et quelques labos ?
Rendements décroissants : Passer de 7 nm à 5 nm a apporté des gains majeurs. De 5 nm à 1,8 nm ? Les améliorations seront marginales pour l’IA, car la bottleneck n’est plus le calcul brut, mais l’architecture des modèles.
Exemple concret : Les LLMs comme Llama 3 tournent déjà bien sur des GPU "vieillissants" (A100). Leur limite ? Leur taille, pas la puissance de calcul.
Alternative : Au lieu de chercher à caser 100 milliards de paramètres dans un seul modèle, pourquoi ne pas en entraîner 100 de 1 milliard, et les faire collaborer ?
2. La revanche des ensembles (et des modèles "moches")
Les méthodes d’ensemble learning (combiner plusieurs modèles faibles) existent depuis les années 1990. Pourtant, elles restent sous-estimées face au hype des LLMs. Pourtant :
Forêts aléatoires vs. deep learning : Pour des tâches comme la détection de fraude ou le scoring crédit, une forêt aléatoire bien réglée surpasse souvent un réseau de neurones — avec 1/100ème de la consommation énergétique.
Gradient Boosting (XGBoost) : Toujours utilisé en production chez Uber, Airbnb ou Criteo pour des prédictions en temps réel. Pourquoi ? Parce qu’il est interprétable, robuste, et ne nécessite pas de cluster de GPU.
Agents spécialisés (ex : SEO) : L’article de Habr montre comment des micro-modèles (un pour l’analyse sémantique, un pour les backlinks, un pour le contenu) automatisent le SEO mieux qu’un LLM généraliste. Moins de paramètres = moins de hallucinations, plus de contrôle.
Leçon : L’IA n’a pas besoin de "god models", mais de systèmes modulaires où chaque composant fait une seule chose, mais bien.
3. L’exemple le plus flagrant : les LLMs comme "colle" entre modèles simples
OpenAI et Mistral l’ont compris : les LLMs ne serviront pas à remplacer les modèles spécialisés, mais à les orchestrer.
Exemple 1 : Un LLM peut appeler un modèle de vision (petit, optimisé) pour analyser une image, puis un modèle tabulaire pour croiser les données — le tout en langage naturel.
Exemple 2 : Les agents autonomes (comme ceux de Adept ou Cognition Labs) utilisent des LLMs pour décider quel outil utiliser (un scraper, un classificateur, un générateur de code), mais délèguent le travail lourd à des modèles légers.
Résultat : On obtient une IA plus performante qu’un LLM seul, sans avoir besoin de processeurs 18A.
Contrepoints : Pourquoi cette thèse dérange
1. "Mais les LLMs ont besoin de puissance !"
Réponse : Oui, pour l’entraînement initial. Mais :
L’inférence peut être légère : Un LLM de 70B paramètres peut être distillé en un modèle de 7B sans perte majeure de qualité (cf. les travaux de Mistral sur la distillation).
Les mixtures of experts (MoE) : Méthode où un modèle "maître" active seulement quelques sous-modèles spécialisés à la fois. Résultat : une IA de 100B paramètres qui ne consomme que 10B en pratique.
2. "Les ensembles, c’est vieux et limité !"
Réponse : Vrai pour les tâches créatives (génération de texte, image). Mais :
80 % des usages de l’IA en entreprise concernent de la classification, de la prédiction, ou de l’optimisation — des domaines où les ensembles excellent.
Hybridation possible : Rien n’empêche de combiner un LLM (pour le raisonnement) avec un boosting (pour la précision).
3. "Les fonderies ont besoin de vendre du rêve"
Réponse : Exact. Intel, TSMC et Samsung ont un modèle économique basé sur la course aux nœuds. Mais :
Les startups et les PME n’ont pas les moyens de suivre. Elles se tournent vers des solutions comme :
Les TPU low-cost (Google Coral, Edge TPUs).
Les modèles quantifiés (INT8, FP16) qui tournent sur du matériel standard.
Les frameworks d’ensembles (Scikit-learn, LightGBM, Optuna pour l’optimisation).
Ironie : Pendant que les géants se battent pour le 18A, des milliers d’entreprises résolvent des problèmes avec des outils accessibles dès aujourd’hui.
Implications : Que faire (ou ne pas faire) en 2025 ?
Pour les entreprises :
✅ Arrêter de courir après le dernier GPU :
Un cluster de A100 bien utilisé > un seul H100 mal optimisé.
Exemple : Une startup française (non citée) a divisé par 10 ses coûts en remplaçant un LLM par un pipeline de modèles légers + règles métiers.
✅ Investir dans l’orchestration :
Outils comme LangChain, Haystack, ou AutoGen (Microsoft) pour combiner modèles et APIs.
Cas d’usage : Un agent SEO qui utilise :
Un classificateur léger (distilBERT) pour analyser les intentions de recherche.
Un générateur de contenu (LLM petit) pour les méta-descriptions.
Un scraper optimisé pour surveiller les concurrents.
❌ Éviter le "LLM-washing" :
- Un chatbot générique ne résoudra pas vos problèmes métiers. Mieux vaut 10 modèles simples bien intégrés qu’un seul gros modèle mal adapté.
Pour les chercheurs :
🔍 Explorer les architectures hybrides :
Combiner :
Symbolique (règles, graphes de connaissances).
Statistique (ensembles, boosting).
Neural (LLMs pour le raisonnement).
Exemple : Le projet Neuro-Symbolic AI (Stanford) montre comment un LLM peut générer des règles logiques exécutées par un moteur symbolique — bien plus efficace qu’un pur deep learning.
🔍 Travailler sur l’efficacité énergétique des ensembles :
- Un