BYD, le géant chinois des véhicules électriques soutenu par Warren Buffett, a annoncé une hausse significative de son bénéfice net annuel pour 2023, atteignant jusqu’à 31 milliards de yuans (4,3 milliards de dollars), soit une progression pouvant aller jusqu’à 86,5 % par rapport à 2022. Cependant, cette performance globale masque un recul au quatrième trimestre, où les profits pourraient chuter d’au moins 8 % par rapport aux 10,4 milliards de yuans enregistrés au trimestre précédent, s’établissant autour de 9,6 milliards de yuans. Cette baisse s’explique par l’intensification de la concurrence sur le marché automobile chinois, contraignant BYD à consentir des remises importantes durant la période des fêtes de fin d’année pour atteindre son objectif annuel de 3 millions de véhicules vendus.
La pression concurrentielle s’accompagne d’une stratégie agressive d’investissement, avec l’embauche de plus de 4 000 ingénieurs spécialisés dans la conduite automatisée dans le cadre d’un plan d’investissement à long terme de 100 milliards de yuans. Ces dépenses, bien que nécessaires pour maintenir son avance technologique, pèsent sur les marges à court terme. À titre de comparaison, Tesla, son principal rival, a vu son bénéfice net reculer de 39 % sur un an au quatrième trimestre 2023, tout en affichant une légère croissance de 7,2 % par rapport au trimestre précédent, avec un résultat de 2,5 milliards de dollars. Cette dynamique contrastée illustre les défis communs aux acteurs du secteur, entre guerre des prix et course à l’innovation.
Les marchés ont réagi négativement à ces perspectives, l’action BYD perdant 5,5 % lors de la séance matinale du mardi à Hong Kong. Ce repli reflète les inquiétudes des investisseurs quant à la capacité du constructeur à concilier croissance des parts de marché et rentabilité, dans un contexte où la demande en véhicules électriques en Chine montre des signes de ralentissement. Malgré ces difficultés, BYD reste un acteur dominant, porté par une stratégie ambitieuse qui mise sur l’automatisation et l’expansion internationale pour pérenniser sa position de leader.
Le contexte plus large du marché chinois, marqué par une saturation progressive et une concurrence accrue entre les constructeurs locaux et étrangers, ajoute une couche de complexité. Les réductions de prix, devenues monétaires pour stimuler les ventes, risquent de saper les marges déjà compressées par les coûts élevés en recherche et développement. Pourtant, BYD continue de miser sur l’innovation, comme en témoigne son recentrage sur les technologies autonomes, un pari risqué mais potentiellement payant à moyen terme si le marché des véhicules intelligents décolle comme prévu. La comparaison avec Tesla, dont les résultats trimestriels restent volatils, souligne la fragilité des équilibres financiers dans un secteur en pleine mutation.