Les constructeurs automobiles chinois BYD et FAW Group seraient en pourparlers pour investir dans la division automobile de DJI, le géant des drones, dans le cadre d’une stratégie visant à accélérer leur développement dans les véhicules autonomes. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large où les acteurs traditionnels de l’automobile cherchent à combler leur retard face à des concurrents comme Tesla, Huawei ou Xpeng, qui dominent déjà le marché des systèmes d’aide à la conduite avancés en Chine.
DJI Automotive, créée fin 2022 comme entité indépendante et valorisée à 1,5 milliard de dollars, se distingue par sa capacité à proposer des solutions d’automatisation partielle à moindre coût. Contrairement à des rivaux utilisant des puces Nvidia coûteuses (comme NIO ou Li Auto), DJI mise sur des processeurs Texas Instruments moins onéreux, combinés à un système reposant sur quelques caméras, pour offrir des fonctionnalités comme le changement automatique de voie ou la gestion des bretelles d’autoroute. BYD, qui prévoit d’équiper dès 2025 des modèles abordables (moins de 28 000 dollars) de ces technologies, voit en DJI un partenaire clé pour démocratiser l’assistance à la conduite sans grever ses marges, dans un contexte de guerre des prix sur le marché chinois.
Les synergies entre ces acteurs ne datent pas d’hier : DJI collabore depuis 2019 avec SAIC-GM-Wuling, dont le Baojun Kiwi EV (lancé à 14 800 dollars en 2022) intègre déjà ses solutions. BYD a quant à lui présenté en janvier un SUV Yangwang équipé d’un drone DJI, illustrant leur collaboration croissante. Pour les analystes de Bernstein, BYD, bien que non pionnier en matière d’autonomie, pourrait rapidement rattraper ses concurrents grâce à son volume de production massif, lui permettant de collecter des données essentielles pour affiner ses algorithmes. Cette logique de partenariats capitalistiques – comme l’investissement récent de Changan dans l’unité automobile de Huawei – reflète une tendance lourde en Chine : les constructeurs historiques s’allient aux géants technologiques pour mutualiser coûts et expertises.
L’enjeu dépasse la simple innovation technologique : il s’agit aussi de répondre à une demande croissante pour des véhicules connectés et autonomes, tout en maîtrisant les coûts dans un secteur en pleine consolidation. DJI, dont l’expertise en traitement d’images et en intelligence embarquée (issue de son cœur de métier drone) est un atout, incarne cette transition vers une mobilité plus intelligente. Si les montants des investissements envisagés par BYD et FAW restent indéterminés, leur intérêt commun pour DJI Automotive confirme que la bataille des voitures autonomes en Chine se jouera autant sur le terrain des algorithmes que sur celui des alliances industrielles.