Alexandre, responsable du développement des infrastructures de test chez SberDevices, revient sur le concept de «чембер» (transcription russe de «chamber», soit «chambre» en français), un terme désignant à l’origine des enceintes insonorisées et blindées utilisées pour tester les appareils intelligents de la marque, comme le SberPortal. Initialement conçues pour isoler les dispositifs des interférences radio et sonores — le DUT (Device Under Test, ou «appareil en test») y était placé pour des évaluations poussées —, ces installations ont donné leur nom à toute une division spécialisée dans la création de stations de test automatisées, même lorsque celles-ci ne reposent plus sur des enceintes physiques. Une anecdote linguistique souligne d’ailleurs cette évolution : si les managers prononcent «tchamber», les ingénieurs, plus techniques, lui préfèrent «tchémber».
L’article propose un retour chronologique sur la genèse de ces laboratoires, depuis leurs débuts empiriques jusqu’à leur structuration actuelle. Les défis liés au test acoustique y occupent une place centrale : mesurer la qualité sonore des enceintes connectées ou des assistants vocaux exige des protocoles rigoureux pour éliminer les échos, les bruits parasites ou les distorsions, tout en simulant des environnements réels (pièces meublées, espaces ouverts, etc.). Les méthodes employées combinent capteurs haute précision, algorithmes d’analyse spectrale et scénarios automatisés reproduisant des interactions utilisateur, comme des commandes vocales ou des appels en conférence. Pourtant, ces processus se heurtent à des limites, notamment la difficulté à standardiser des critères subjectifs — «un son ‘bon’ pour l’oreille humaine» — ou à anticiper les comportements imprévisibles des utilisateurs finaux.
Un autre pan crucial concerne les appareils domotiques intelligents (prises, interrupteurs, thermostats), dont les tests révèlent des problématiques spécifiques. Contrairement aux enceintes, ces dispositifs doivent être évalués sur leur fiabilité électrique, leur résistance aux surcharges, ou leur compatibilité avec des réseaux domestiques hétérogènes (Wi-Fi instable, protocoles concurrents comme Zigbee ou Thread). Les «grables» (littéralement «rateaux», expression russe désignant les pièges ou erreurs récurrentes) abondent : des pannes liées à des firmwares mal optimisés, des interférences entre appareils voisins, ou des bugs déclenchés par des séquences d’utilisation inhabituelles (comme des allumages/extinctions rapides). Pour y remédier, les équipes ont développé des bancs de test capables de stresser les appareils pendant des centaines d’heures, en reproduisant des conditions extrêmes (variations de tension, températures, humidité).
Enfin, l’auteur évoque les leçons tirées de ces années d’expérimentation, insistant sur l’importance de l’itération et de la collaboration entre équipes. Les stations de test, autrefois perçues comme un simple «mal nécessaire», sont devenues un maillon clé du cycle de développement, permettant de détecter des défauts bien en amont de la production de masse. Pourtant, des défis persistent, comme l’adaptation aux nouvelles normes de cybersécurité (protection contre les intrusions via des vulnérabilités logicielles) ou l’intégration de l’IA pour automatiser davantage les diagnostics. Le ton reste pragmatique, mêlant fierté pour les progrès accomplis et lucidité sur les «grables» qui, malgré tout, continuent de jalonner le chemin de l’innovation.