Huawei a officiellement présenté HarmonyOS NEXT, une version majeure de son système d’exploitation mobile qui marque une rupture définitive avec l’architecture Android. Contrairement aux précédentes itérations de HarmonyOS, compatibles avec les applications Android, cette nouvelle mouture se veut entièrement indépendante, abandonnant la prise en charge des fichiers APK et des services Google. Le géant chinois a ouvert les inscriptions pour une version préliminaire destinée aux développeurs, réservée aux utilisateurs des smartphones Mate 60, Mate 60 Pro et Mate X5, avec une bêta plus complète prévue au deuxième trimestre 2024 et une sortie commerciale avant la fin de l’année.
Cette transition s’inscrit dans une stratégie ambitieuse visant à créer un écosystème autonome, intégrant logiciels, matériel et services cloud. Pour y parvenir, Huawei mise sur un plan d’envergure baptisé Yaoxing, doté d’un budget dépassant 7 milliards de yuans (environ 9,8 milliards de dollars), afin de former plus de 100 000 développeurs par mois en collaboration avec des entreprises et des universités. L’objectif est d’accélérer le développement d’applications natives, avec déjà 200 sociétés engagées dans ce processus, couvrant 90 % des applications phares du marché chinois. À court terme, Huawei vise 5 000 applications compatibles d’ici fin 2024, avec une ambition à long terme de dépasser les 500 000.
Les avancées technologiques d’HarmonyOS NEXT reposent sur des innovations clés, notamment des cadres d’IA, des modèles à grande échelle, des langages de programmation et des compilateurs optimisés, comme l’a souligné Yu Chengdong, PDG de la division grand public de Huawei. Initialement conçu pour contourner les sanctions américaines limitant l’accès aux technologies Google, le système évolue désormais vers une architecture unifiée, conçue pour offrir une expérience fluide entre appareils. Selon Gong Ti, responsable logiciel chez Huawei, cette approche vise à dépasser les contraintes d’Android en fusionnant harmonieusement les composants logiciels et matériels.
Le succès d’HarmonyOS NEXT dépendra cependant de son adoption massive, un défi de taille dans un marché dominé par Android et iOS. Huawei estime qu’une part de marché de 16 % serait un seuil critique pour assurer sa pérennité, s’appuyant sur des précédents historiques dans les industries du PC et du mobile. Avec une part actuelle de 13 % en Chine – où Google Mobile Services (GMS) est absent –, le groupe mise sur son écosystème local pour atteindre cet objectif. Cette stratégie reflète une volonté plus large de réduire la dépendance aux technologies étrangères, tout en positionnant HarmonyOS comme une alternative viable sur le long terme.
La roadmap de Huawei inclut également des partenariats stratégiques avec des acteurs académique et industriels pour stimuler l’innovation, tandis que les développeurs sont incités à migrer vers des outils natifs via des kits de développement (SDK) dédiés. Bien que le défi reste considérable, notamment en dehors de la Chine, l’entreprise table sur l’attrait d’une plateforme intégrée et sécurisée pour séduire les utilisateurs et les créateurs de contenus. HarmonyOS NEXT incarne ainsi une étape décisive dans la quête d’autonomie technologique de Huawei, tout en testant la capacité du marché à adopter un nouvel environnement logiciel.