Le 31 janvier 2024, l’entreprise chinoise iFlytek a présenté une version améliorée de son modèle d’intelligence artificielle, SparkDesk V3.5, affirmant qu’il rivalise avec GPT-4 Turbo d’OpenAI sur plusieurs critères clés. Selon les déclarations de la société basée à Hefei, ce nouveau modèle surpasserait le concurrent américain en compréhension linguistique et en résolution de problèmes mathématiques, tandis que ses capacités multimodales atteindraient 91 % de celles de GPT-4 Turbo. Cependant, iFlytek n’a pas précisé les méthodes d’évaluation ni les benchmarks utilisés pour étayer ces comparaisons, laissant planer un doute sur la transparence de ces affirmations.

SparkDesk V3.5 se distingue également par son origine technologique, puisqu’il s’agit du premier modèle de fondation développé entièrement sur une plateforme de calcul nationale, fruit d’une collaboration entre iFlytek et Huawei lancée en octobre 2023. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de la Chine visant à réduire sa dépendance aux technologies étrangères dans le domaine de l’IA, tout en renforçant son autonomie en matière d’infrastructures informatiques. Le choix d’une solution locale pour l’entraînement du modèle souligne les ambitions du pays dans la course mondiale à l’intelligence artificielle, où les acteurs chinois cherchent à se positionner comme des alternatives crédibles aux géants américains.

Cette annonce intervient dans un contexte où la Chine consolide sa place sur la scène internationale de l’IA, avec une industrie valorisée à plus de 900 milliards de yuans (environ 125 milliards de dollars) et représentant 15 % des entreprises mondiales du secteur. Des acteurs comme Tencent, Volcengine ou encore miHoYo multiplient les innovations, que ce soit dans le développement de modèles multimodaux plus économiques, l’intégration de l’IA dans les jeux vidéo ou l’automatisation industrielle, comme en témoigne l’installation de près de 300 000 robots industriels en 2024. L’émergence de SparkDesk V3.5 s’ajoute ainsi à une dynamique nationale visant à accélérer l’adoption de technologies souveraines, tout en stimulant la compétition avec les leaders occidentaux.

Si les performances annoncées par iFlytek restent à vérifier par des évaluations indépendantes, cette avancée illustre nevertheless la rapidité avec laquelle les entreprises chinoises progressent dans le domaine des grands modèles de langage. La collaboration avec Huawei, notamment, renforce la crédibilité de cette initiative, en s’appuyant sur des infrastructures de calcul hautement performantes et sécurisées. À terme, cette stratégie pourrait permettre à la Chine de réduire son retard technologique tout en proposant des solutions adaptées aux spécificités locales, comme la prise en charge optimisée du mandarin ou des cas d’usage propres au marché chinois. L’enjeu sera désormais de convaincre les utilisateurs et les experts de la fiabilité et de l’efficacité réelle de ces modèles face aux références établies.