Le géant chinois du commerce en ligne JD a officiellement confirmé son intérêt pour le rachat de Currys, l’enseigne britannique spécialisée dans la distribution d’électronique et d’électroménager. Cette annonce survient peu après le rejet par Currys d’une offre d’acquisition de 700 millions de livres sterling (environ 820 millions d’euros) formulée par le fonds américain Elliott Advisors. Le groupe britannique, centenaire et présent sur le marché avec des produits allant des ordinateurs portables aux téléviseurs en passant par les machines à laver, traverse une période difficile en raison de la crise inflationniste qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs au Royaume-Uni.

Les résultats financiers de Currys reflètent cette conjoncture défavorable : son bénéfice avant impôts pour l’exercice clos le 29 avril 2023 a chuté à 119 millions de livres, contre 192 millions un an plus tôt, illustrant un net recul de sa rentabilité. Dans un document réglementaire, JD a indiqué se trouver « aux tout premiers stades d’évaluation d’une éventuelle transaction », qui pourrait prendre la forme d’une offre en numéraire visant l’intégralité du capital social de Currys. Bien que les contours précis de cette opération restent flous, cette démarche souligne l’ambition de JD d’étendre son empreinte en Europe, un marché stratégique pour les acteurs chinois du e-commerce.

L’intérêt de JD pour Currys s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation du secteur de la distribution, où les enseignes traditionnelles, fragilisées par la concurrence en ligne et les tensions économiques, deviennent des cibles attractives pour des groupes disposant de ressources financières solides. Le Royaume-Uni, en particulier, représente un terrain propice aux acquisitions en raison de la dépréciation de la livre sterling et des valorisations boursières en berne. Pour JD, une telle opération permettrait non seulement de renforcer sa présence physique en Occident, mais aussi de bénéficier du réseau logistique et de la notoriété de Currys, tout en diversifiant ses sources de revenus hors de son marché domestique.

Toutefois, une acquisition de cette envergure ne serait pas sans défis. Les régulateurs britanniques pourraient examiner de près une prise de contrôle par un groupe chinois, dans un contexte géopolitique marqué par des tensions croissantes entre Pékin et les pays occidentaux, notamment autour des questions de sécurité nationale et de protection des données. Par ailleurs, l’intégration d’une entreprise aux cultures managériales et aux modèles opérationnels aussi distincts que ceux de JD et de Currys poserait des questions logistiques et stratégiques complexes. Si le projet aboutissait, il marquerait néanmoins une étape significative dans l’internationalisation de JD, après des investissements précédents en Asie du Sud-Est et en Europe, comme son partenariat avec le groupe français Casino.