Une étude récente de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit que l’intelligence artificielle (IA) pourrait dynamiser significativement les échanges commerciaux internationaux d’ici 2040, en optimisant les chaînes logistiques, en réduisant les coûts et en améliorant l’efficacité des transactions. Selon les projections, l’IA permettrait une croissance annuelle du commerce mondial comprise entre 0,4 % et 1,5 % supplémentaires par rapport aux tendances actuelles, grâce à des avancées technologiques comme l’automatisation des ports, la gestion prédictive des stocks ou encore la personnalisation des services logistiques. Ces innovations devraient particulièrement bénéficier aux pays en développement, en facilitant leur intégration dans les réseaux d’approvisionnement globaux et en atténuant les barrières traditionnelles, telles que les délais ou les erreurs humaines.

L’impact de l’IA sur le secteur maritime, illustré par l’image d’un officier devant un porte-conteneurs de Maersk à Copenhague en 2023, symbolise cette transformation. Les armateurs et les opérateurs portuaires adoptent déjà des outils d’IA pour optimiser les itinéraires, anticiper les pannes mécaniques ou encore automatiser le chargement et déchargement des marchandises. Ces technologies réduisent non seulement les temps d’attente dans les ports, mais aussi les émissions de CO₂ en évitant les trajets inutiles, répondant ainsi aux exigences croissantes de durabilité. Cependant, l’OMC souligne que ces bénéfices dépendront largement de la capacité des États à investir dans les infrastructures numériques et à former une main-d’œuvre qualifiée, sans quoi les inégalités entre nations pourraient se creuser.

L’étude met également en garde contre les risques associés à cette révolution technologique, notamment en matière de cybersécurité et de dépendance accrue aux systèmes automatisés. Une faille dans les algorithmes ou une cyberattaque ciblant les plateformes logistiques pourrait paralyser des pans entiers du commerce mondial, comme l’ont montré des incidents passés dans des ports majeurs. Par ailleurs, la concentration des technologies d’IA entre les mains d’un petit nombre d’entreprises, principalement basées dans les économies avancées, soulève des questions sur l’équité et la souveraineté des données. L’OMC appelle donc à une régulation internationale coordonnée pour encadrer ces enjeux, tout en encourageant la coopération entre secteurs public et privé afin de démocratiser l’accès à ces outils.

Enfin, le rapport insiste sur le rôle clé des politiques publiques pour maximiser les retombées positives de l’IA sur le commerce. Les gouvernements sont incités à moderniser leurs cadres juridiques, à soutenir la recherche et développement, et à promouvoir des standards intercommunicables pour éviter une fragmentation des systèmes. À titre d’exemple, l’harmonisation des normes douanières automatisées entre pays pourrait accélérer les échanges transfrontaliers, tandis que des partenariats régionaux, comme ceux en cours en Asie du Sud-Est ou en Afrique, pourraient servir de modèles. Si ces conditions sont remplies, l’IA pourrait non seulement booster la croissance économique, mais aussi contribuer à une mondialisation plus inclusive et résiliente face aux crises futures.