Le gouvernement chinois a récemment imposé une interdiction aux entreprises locales d’acquérir des puces électroniques auprès de Nvidia, une décision qui s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Pékin et Washington sur les technologies sensibles. Cette mesure, annoncée sans précisions sur sa durée ou son champ d’application exact, vise probablement à réduire la dépendance de la Chine aux composants américains, alors que les États-Unis multiplient les restrictions à l’exportation vers le pays. Les puces de Nvidia, notamment celles dédiées à l’intelligence artificielle et aux calculs haute performance, sont considérées comme stratégiques, ce qui en fait une cible privilégiée dans la guerre technologique entre les deux superpuissances.
La décision chinoise intervient alors que Nvidia, dirigée par son PDG Jensen Huang, domine largement le marché des semi-conducteurs avancés, avec des produits comme les GPU de la série H100, essentiels pour l’entraînement des modèles d’IA. Lors d’un événement officiel au château de Windsor en septembre 2025, où il accompagnait une délégation américaine aux côtés de l’ancien président Donald Trump, Huang avait souligné l’importance de la collaboration internationale dans le secteur technologique. Pourtant, cette interdiction illustre le durcissement des positions, la Chine cherchant à accélérer le développement de ses propres alternatives, comme les puces conçues par Huawei ou d’autres acteurs nationaux, malgré un retard technologique persistant.
Les conséquences économiques pourraient être significatives pour Nvidia, qui réalise une part importante de ses revenus en Chine, notamment via des clients comme Alibaba, Tencent ou Baidu. Les entreprises chinoises, quant à elles, devront s’adapter rapidement, soit en se tournant vers des fournisseurs locaux, soit en contournant les restrictions via des filiales ou des partenariats à l’étranger. Cette mesure s’ajoute à une série de représailles chinoises après les sanctions américaines ciblant des géants comme SMIC ou Yangtze Memory Technologies, créant un cercle vicieux de restrictions mutuelles.
Parallèlement, cette interdiction pourrait accélérer la fragmentation du marché mondial des semi-conducteurs, avec d’un côté un bloc occidental centré sur les États-Unis et leurs alliés, et de l’autre une Chine de plus en plus autonome, mais isolée technologiquement. Les analystes soulignent que, à moyen terme, cette dynamique risque de freiner l’innovation en limitant les échanges de savoir-faire, tout en augmentant les coûts pour les entreprises des deux côtés. Pour Nvidia, la perte du marché chinois, même partielle, représenterait un défi majeur, alors que la demande en puces IA explose à l’échelle mondiale.
Enfin, cette escalade reflète une stratégie plus large de la Chine, qui combine protectionnisme et soutien massif à son industrie nationale, via des subventions et des plans comme Made in China 2025. Alors que les relations sino-américaines restent tendues, notamment sur Taïwan et les droits de douane, le secteur des semi-conducteurs devient un terrain d’affrontement clé, où chaque mesure prise par l’un des camps entraîne une réaction immédiate de l’autre. L’interdiction des puces Nvidia marque ainsi une nouvelle étape dans la découplage technologique entre les deux pays, avec des répercussions potentielles sur l’ensemble de l’économie mondiale.