Nvidia relance sa présence sur le marché chinois avec la mise en précommande de sa puce d’intelligence artificielle H20, spécialement conçue pour se conformer aux restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. Cette initiative survient après que les mesures imposées par Washington en octobre 2023 aient contraint l’entreprise à suspendre les livraisons de ses modèles phares, comme les A100, H100 ou L40S, qui dominaient auparavant plus de 90 % du marché chinois des puces IA. Face à cette situation, Nvidia a développé des versions adaptées, dont la H20, aux performances réduites pour respecter les limites fixées par les États-Unis.

Le positionnement de la H20 est stratégique : son prix, compris entre 12 000 et 15 000 dollars, la place en concurrence directe avec l’Ascend 910B de Huawei, devenue l’alternative locale privilégiée depuis les sanctions. Bien que la H20 affiche des capacités inférieures à celles de la H100 – sa puissance de calcul en IA représenterait moins de 15 % de celle de son aînée –, elle se distingue par une mémoire de 96 Go et une bande passante de 4,0 Tb/s. Cependant, des sources indiquent qu’elle serait moins performante que la 910B en calcul FP32, un critère clé pour évaluer la vitesse de traitement, avec une capacité inférieure de moitié. En revanche, la H20 pourrait prendre l’avantage dans les applications nécessitant une interconnectivité élevée entre plusieurs puces, grâce à une architecture optimisée pour les systèmes multi-GPU.

Les premières livraisons de la H20, attendues en petits volumes dès le premier trimestre 2024, devraient s’accélérer au deuxième trimestre, période où Nvidia prévoit une production de masse. Cette puce s’inscrit dans une gamme de trois modèles (H20, L20 et L2) conçus pour le marché chinois, tous dérivés de la H100 mais avec des spécifications revues à la baisse. La visite récente du PDG Jensen Huang en Chine, à l’occasion du Nouvel An lunaire, bien que présentée comme non commerciale, souligne l’importance stratégique de ce marché pour le groupe, malgré les tensions géopolitiques.

Ce lancement illustre la volonté de Nvidia de conserver une part significative du marché chinois, tout en naviguant dans un contexte réglementaire complexe. La compétition avec Huawei, dont les solutions locales gagnent en popularité, s’annonce serrée, d’autant que les acteurs chinois misent sur leur autonomie technologique pour contourner les dépendances aux fournisseurs étrangers. La H20, bien que moins puissante que ses prédécesseurs, pourrait néanmoins séduire les entreprises chinoises en quête de performances équilibrées et d’une compatibilité avec les infrastructures existantes, tout en évitant les risques liés aux restrictions américaines.