Jensen Huang, fondateur et PDG de Nvidia, a effectué sa première visite en Chine continentale depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, marquant un retour symbolique dans un marché stratégique pour l’entreprise. Le 20 janvier 2024, des employés de Nvidia Chine ont partagé sur les réseaux sociaux des images de Huang participant à la réunion annuelle de la filiale à Shanghai, où il portait une chemise à motifs floraux inspirée de la région du Nord-Est de la Chine et s’est même prêté à une danse traditionnelle locale. Ce geste, perçu comme une démonstration d’affection culturelle, contraste avec l’absence d’annonces commerciales ou de rencontres officielles avec des représentants gouvernementaux, comme l’a précisé Nvidia.

La visite de Huang intervient dans un contexte géopolitique et économique tendu, marqué par les restrictions américaines sur les exportations de puces avancées vers la Chine, qui ont fortement impacté les activités de Nvidia dans le pays. Malgré ces contraintes, l’entreprise maintient une présence significative en Chine, avec environ 3 000 employés répartis dans des bureaux à Beijing, Shanghai et Shenzhen, couvrant des fonctions clés comme le marketing, les ventes et la recherche et développement. Ces implantations soulignent l’importance du marché chinois pour Nvidia, même si ses opérations y sont désormais limitées par les régulations internationales.

Cette apparition publique, bien que dépourvue d’annonces formelles, pourrait être interprétée comme un signal de continuité et d’engagement envers les partenaires locaux, dans un secteur technologique où la Chine reste un acteur majeur. Elle survient alors que le pays renforce ses capacités en intelligence artificielle et en robotique industrielle, comme en témoignent les récentes données révélant que la Chine a installé près de 300 000 robots industriels en 2024 – un chiffre supérieur à celui de tous les autres marchés combinés. Par ailleurs, le paysage technologique chinois continue de se diversifier, avec des entreprises comme Tencent ou miHoYo développant des innovations en IA et en jeux vidéo, illustrant une dynamique de résilience face aux pressions extérieures.

Le choix de Huang de se rendre en Chine sans agenda politique ou commercial explicite pourrait aussi refléter une stratégie prudente, visant à préserver les relations sans s’exposer aux tensions entre Washington et Pékin. Alors que Nvidia adapte ses produits pour se conformer aux restrictions américaines, comme avec ses puces spécialement conçues pour le marché chinois, cette visite rappelle que l’entreprise cherche à équilibrer ses obligations réglementaires avec ses intérêts économiques dans la région. Dans un environnement où la technologie est de plus en plus instrumentalisée, chaque geste prend une dimension symbolique, entre diplomatie d’entreprise et affirmation d’une présence à long terme.