Lors du concours mondial AFAC (Advanced FinTech AI Competition), organisé par Ant Group en collaboration avec des universités prestigieuses comme Peking University ou Fudan University, ainsi que des partenaires industriels tels que NVIDIA, les leaders de la fintech ont souligné que l’intelligence artificielle (IA) n’est plus une simple tendance éphémère, mais une infrastructure essentielle pour les entreprises. L’événement, devenu une vitrine pour des solutions fintech en phase de déploiement, a mis en lumière trois axes stratégiques : traiter l’IA comme une base technologique, concevoir des produits « natifs IA » dès leur origine, et anticiper les enjeux de conformité réglementaire et de distribution locale bien avant le lancement commercial.

Eelee Lua, experte singapourienne en fintech et regtech, a insisté sur l’impact profond de l’IA, qui redéfinit les critères de réussite des entreprises, particulièrement pour les grandes structures confrontées à des défis majeurs. Selon elle, la maîtrise des aspects techniques ne suffit plus : la capacité à communiquer une proposition de valeur claire et à s’adapter aux marchés locaux est tout aussi cruciale. Elle a illustré ce point par l’exemple d’une fintech australienne dont les coûts de conformité à Singapour ont doublé en raison d’une sous-estimation des exigences réglementaires, rappelant que l’intégration d’experts locaux en compliance dès le début d’un projet est indispensable, même avant la génération de revenus. Cette approche est d’ailleurs reflétée dans la structure même du concours AFAC, où les participants doivent non seulement démontrer une excellence technique, mais aussi présenter des solutions adaptables à des cadres réglementaires variés, comme celles visant à promouvoir une finance inclusive.

Jerry Yang, investisseur spécialisé dans les marchés africains et moyen-orientaux, a quant à lui mis en avant le potentiel des startups « natives IA », conçues avec l’IA comme fondement plutôt qu’ajoutée a posteriori. Il a observé que les entreprises chinoises ont pleinement adopté cette logique, intégrant l’IA dans des domaines clés comme l’optimisation de la productivité financière ou l’exploitation des données. Contrairement aux idées reçues, Yang a souligné l’appétit des marchés africains pour ces technologies, où l’IA est perçue comme un levier pour réduire les coûts de développement et accélérer la transformation numérique. Le principal obstacle n’est pas le manque d’intérêt, mais l’accessibilité : les entreprises locales peinent à accéder à des solutions comme Alibaba Cloud en raison d’un manque de canaux directs et de documentation localisée en langues autres que le chinois. Il a plaidé pour une meilleure structuration des échanges, inspirée des géants technologiques occidentaux qui envoient des équipes former les développeurs locaux, afin de combler ce fossé.

Un exemple concret de cette dynamique a été présenté par Li Xing, CTO de Kingdee Credit, lauréate du concours en 2024 et 2025. Son entreprise a développé un système d’IA financière alimenté par une base de connaissances colossale, construite à partir de trois décennies de données sur 7,4 millions de PME chinoises. Cette solution vise à résoudre un problème récurrent dans le crédit aux petites entreprises : l’évaluation des risques et des coûts, souvent compliquée par l’absence d’historique crédit solide. En exploitant des graphes de connaissances et des algorithmes prédictifs, Kingdee Credit illustre comment l’IA peut transformer des secteurs traditionnellement complexes, tout en soulignant l’importance des partenariats et des plateformes comme AFAC pour tester et affiner ces innovations en conditions réelles.

Au-delà des avancées technologiques, le concours a révélé un enjeu plus large : la nécessité d’une collaboration transfrontalière plus efficace. Les experts ont unanimement souligné que le succès des solutions fintech et IA dépendra de leur capacité à s’adapter aux contextes locaux, à surmonter les barrières linguistiques et culturelles, et à établir des ponts entre les écosystèmes technologiques. AFAC, en tant que carrefour entre startups, mentors et investisseurs, joue ainsi un rôle clé dans cette transition, offrant une plateforme où les innovations peuvent être confrontées aux réalités du terrain tout en bénéficiant d’un accompagnement stratégique.