Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé le 19 février des réserves concernant l’enquête lancée par l’Union européenne (UE) sur les subventions présumées accordées au fabricant chinois de trains CRRC Qingdao Sifang Locomotive, filiale du géant public CRRC Corporation. Cette procédure, annoncée le 16 février, marque la première application concrète du Règlement sur les subventions étrangères de l’UE, entré en vigueur en octobre 2023. Les autorités européennes examinent si l’entreprise a bénéficié de soutiens publics déloyaux lui permettant de soumettre une offre « indûment avantageuse » dans le cadre d’un appel d’offres bulgare de 610 millions d’euros (657 millions de dollars) pour la fourniture de 20 trains électriques.

La porte-parole du ministère, Mao Ning, a appelé l’UE à adopter une approche « prudente » dans l’utilisation de ses outils réglementaires, insistant sur la nécessité de garantir un environnement « équitable, juste et non discriminatoire » pour les entreprises chinoises opérant en Europe. Cette prise de position intervient alors que les tensions commerciales entre Pékin et Bruxelles s’intensifient, notamment depuis le lancement en octobre 2023 d’une autre enquête anti-subventions visant les constructeurs automobiles chinois, dont BYD, Geely et SAIC. Ces investigations s’inscrivent dans une stratégie plus large de l’UE pour contrer ce qu’elle perçoit comme des pratiques de concurrence déloyale de la part d’entreprises chinoises soutenues par l’État.

Le cas de CRRC Qingdao Sifang Locomotive illustre les défis croissants auxquels sont confrontées les entreprises chinoises sur les marchés internationaux, où leurs succès commerciaux sont de plus en plus scrutés à la lumière des régulations anti-subventions. Le contrat bulgare, s’il était attribué à l’entreprise chinoise, renforcerait sa position en Europe, un marché stratégique pour l’expansion de CRRC, déjà présent dans plusieurs pays via des projets ferroviaires. Pékin dénonce régulièrement ces enquêtes comme des mesures protectionnistes déguisées, susceptible de nuire aux relations économiques bilatérales.

Parallèlement, cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de rivalité technologique et industrielle entre la Chine et l’Occident. Alors que l’UE durcit son arsenal juridique pour protéger ses industries, la Chine continue de défendre ses entreprises, soulignant leur conformité aux règles internationales et leur contribution à la concurrence mondiale. La issue de cette enquête, dont les conclusions pourraient prendre plusieurs mois, sera suivie de près, car elle pourrait influencer les futures relations commerciales entre les deux blocs et servir de précédent pour d’autres secteurs, comme les énergies renouvelables ou les technologies vertes, où la Chine occupe une place dominante.