Depuis la seconde moitié de 2023, Tesla approvisionne une partie de ses matériaux critiques pour la fabrication de ses batteries 4680 depuis la Chine, afin d’accélérer la production dans son usine du Texas. Selon des sources proches du dossier, rapportées par le média chinois LatePost, le constructeur américain se fournit en bobines de cathodes – des électrodes positives pré-traitées sous forme de rouleaux – auprès de deux entreprises spécialisées : Ningbo Ronbay New Energy et Suzhou Dongshan Precision Manufacturing. Ces composants, qui représentent environ 35 % du coût d’une cellule de batterie, sont essentiels pour assembler les batteries cylindriques 4680, réputées pour leur haute densité énergétique et leur format innovant (46 mm de diamètre pour 80 mm de longueur).
Contrairement à une approche classique consistant à importer des cellules complètes, Tesla a choisi d’acquérir ces matières premières semi-finies, une stratégie visant à réduire les coûts tout en maintenant un contrôle sur la chaîne de production. Les contrats avec les fournisseurs chinois devraient se poursuivre au moins jusqu’au troisième trimestre 2024. Cette décision s’inscrit dans une logique d’optimisation industrielle, alors que les retards dans la production des batteries 4680 ont déjà impacté le lancement du Cybertruck, le pickup futuriste de Tesla, dont la commercialisation a été repoussée à plusieurs reprises en raison de défis techniques liés aux batteries.
Les partenariats avec des acteurs chinois s’expliquent également par la volonté de Tesla de contourner les tensions géopolitiques et les surcoûts associés à une production entièrement localisée aux États-Unis. En mars 2023, Reuters avait déjà révélé que le groupe collaborait avec ces mêmes fournisseurs pour diminuer les dépenses en matériaux, dans un contexte où les prix des métaux comme le lithium ou le nickel restent volatils. Cette externalisation partielle permet à Tesla de bénéficier de l’expertise et des capacités de production chinoises, tout en limitant les risques de pénuries ou de hausse des prix qui pourraient freiner ses ambitions de masse, notamment pour ses véhicules d’entrée de gamme comme la Model 3 ou la future berline à 25 000 dollars.
Cependant, cette dépendance accrue envers la Chine soulève des questions sur la résilience de la supply chain de Tesla, alors que les États-Unis multiplient les mesures pour réduire leur exposition aux technologies critiques asiatiques. Le constructeur mise néanmoins sur une montée en puissance progressive de ses propres usines, comme celle de Lathrop en Californie, dédiée à la production de cathodes, pour réduire à terme sa dépendance aux importations. En attendant, la stratégie actuelle lui permet de gagner du temps et de stabiliser la cadence de production des batteries 4680, un élément clé pour atteindre ses objectifs de volume et de rentabilité dans les années à venir.