NVIDIA a récemment obtenu un accès exclusif au procédé de fabrication A16 de TSMC, une avancée technologique majeure dans le domaine des semi-conducteurs. Ce nœud technologique, actuellement en phase de tests conjoints entre les deux entreprises, intègre des transistors à nanosheets (feuillets nanométriques) ainsi que la technologie Super Power Rail (SPR), promettant des gains significatifs en termes de performance et d’efficacité énergétique. Selon les informations disponibles, NVIDIA prévoit d’utiliser ce procédé pour sa prochaine architecture GPU, nommée Feynman, dont le lancement est prévu pour 2028. Cette exclusivité marque une étape stratégique pour le fabricant de puces graphiques, lui permettant de devancer ses concurrents dans la course à la miniaturisation et à la puissance de calcul.

L’absence remarquable d’Apple dans cette collaboration surprend les observateurs du secteur. Historiquement, le géant de Cupertino figure parmi les principaux clients de TSMC, utilisant systématiquement ses procédés les plus avancés pour ses puces mobiles, comme les séries A et M. Pourtant, aucune discussion n’aurait été engagée entre Apple et le fondeur taïwanais concernant l’adoption du procédé A16 pour ses futurs systèmes sur puce (SoC). Cette situation soulève des questions sur la stratégie à long terme d’Apple, qui pourrait soit opter pour une autre technologie, soit retarder son adoption pour des raisons techniques ou économiques. Les analystes spéculent sur un possible recentrage sur des optimisations logicielles ou une attente des procédés ultérieurs, comme le N2P ou le A20, plus matures.

Le procédé A16 de TSMC représente une évolution majeure par rapport aux générations précédentes, comme le N3E ou le N2, grâce à son architecture innovante. Les nanosheets, successeurs des nanofils (nanowires), offrent une meilleure maîtrise du courant électrique, réduisant les fuites et améliorant l’efficacité, tandis que la technologie SPR optimise la distribution de l’alimentation pour limiter les pertes d’énergie. Ces innovations sont particulièrement cruciales pour les applications exigeantes comme l’intelligence artificielle, le calcul haute performance (HPC) ou les data centers, domaines où NVIDIA domine déjà avec ses GPU. L’exclusivité accordée à NVIDIA pourrait ainsi renforcer sa position face à des rivaux comme AMD ou Intel, tout en limitant temporairement les options pour d’autres acteurs majeurs du marché.

L’annonce intervient dans un contexte de compétition accrue entre les fondeurs et les concepteurs de puces, où TSMC, Samsung et Intel se livrent une bataille acharnée pour attirer les grands comptes. Traditionnellement, Apple bénéficiait d’un traitement privilégié chez TSMC, avec des capacités de production réservées pour ses commandes massives. Son absence dans le projet A16 pourrait indiquer un changement de dynamique, peut-être lié à des tensions sur les capacités de production ou à des priorités différentes, comme le développement de puces internes pour ses véhicules autonomes ou ses lunettes de réalité mixte. Pour NVIDIA, cette exclusivité constitue un atout stratégique, lui permettant de sécuriser des ressources critiques dans un environnement où la demande dépasse souvent l’offre.

Enfin, cette situation illustre les défis croissants auxquels sont confrontés les acteurs de l’électronique, entre innovation technologique, contraintes industrielles et stratégies commerciales. Alors que TSMC continue de repousser les limites de la miniaturisation avec des procédés comme l’A16, les choix des grands clients comme Apple ou NVIDIA auront des répercussions sur l’ensemble de l’écosystème. Si Apple maintient son silence, son éventuel retard dans l’adoption de cette technologie pourrait offrir un avantage temporaire à NVIDIA, tout en ouvrant la porte à des concurrents comme Qualcomm ou MediaTek pour combler le vide. À l’inverse, une entrée tardive d’Apple avec une génération ultérieure pourrait s’avérer plus rentable si les coûts et les rendements s’améliorent d’ici là.