Le dégel du pergélisol, sol gelé en permanence qui couvre environ 15% de l'hémisphère nord, représente une conséquence méconnue mais critique du réchauffement climatique. Des villes arctiques comme Nunapitchuk en Alaska subissent déjà des fissures dans les habitations, des effondrements de sol et des problèmes d'infrastructure causés par ce phénomène. Historiquement étudié via des relevés terrain fastidieux, le pergélisol peut désormais être surveillé à grande échelle grâce aux radars satellitaires qui mesurent les variations saisonnières d'élévation du sol, révélant l'épaisseur de la couche active et l'étendue du dégel.

Cette approche innovante, développée par Kevin Schaefer et ses collègues depuis 2009, permet de couvrir de vastes territoires à moindre coût et d'identifier les zones à forte teneur en glace particulièrement vulnérables. Les applications sont doubles : aider les communautés locales à prendre des décisions cruciales concernant leurs habitations, et assister les agences de renseignement comme la NGA dans l'évaluation des risques pour les infrastructures militaires stratégiques, notamment les stations radar de détection de missiles.

Au-delà des enjeux infrastructurels, le dégel du pergélisol libère d'importantes quantités de carbone séquestré et de métaux lourds, créant une boucle de rétroaction climatique dangereuse. Les recherches actuelles visent à affiner l'estimation de la teneur en glace par télédétection, cruciale pour anticiper les instabilités futures. Avec l'augmentation des données satellitaires gratuites et commerciales, cette surveillance devient progressivement automatisée et globale, offrant des outils essentiels pour faire face aux conséquences du réchauffement dans les régions polaires.