Le texte Sensible Agent propose un cadre innovant pour repenser les interactions entre humains et agents de réalité augmentée (RA), en mettant l’accent sur la discrétion et la proactivité. Contrairement aux systèmes traditionnels où les agents virtuels réagissent passivement aux commandes explicites, cette approche vise à créer des entités capables d’anticiper les besoins des utilisateurs et d’agir de manière subtile, sans perturber leur attention ou leur environnement. Le cadre s’appuie sur une combinaison de capteurs contextuels, d’intelligence artificielle et de techniques de visualisation adaptative pour permettre aux agents de percevoir finement le contexte physique et social de l’utilisateur, tout en ajustant leur comportement en temps réel.
L’un des défis centraux abordés est la charge cognitive générée par les interfaces de RA, souvent intrusives ou distrayantes. Les auteurs soulignent que les agents proactifs doivent non seulement être utiles, mais aussi imperceptibles dans leur fonctionnement, en évitant les notifications superflues ou les interactions forcées. Par exemple, un agent pourrait suggérer discrètement un itinéraire alternatif en superposant une flèche semi-transparente sur le champ de vision de l’utilisateur, plutôt que d’afficher une fenêtre pop-up envahissante. Cette discrétion repose sur une modélisation fine des états attentionnels de l’utilisateur, en analysant des indicateurs comme le mouvement des yeux, la posture ou le niveau de stress, afin de choisir le moment et la forme les plus opportuns pour intervenir.
Le cadre Sensible Agent intègre également une dimension éthique et sociale, en questionnant les limites de la proactivité. Les agents doivent respecter des principes de transparence et de contrôlabilité : l’utilisateur doit pouvoir comprendre pourquoi l’agent agit et avoir la possibilité de désactiver ou de modifier ses suggestions à tout moment. Les auteurs proposent des mécanismes de feedback implicite, où l’agent interprète les réactions naturelles de l’utilisateur (comme un hochement de tête ou un changement de trajectoire) pour affiner ses futures interventions, sans nécessiter d’interaction explicite. Cette approche cherche à établir une relation de confiance entre l’humain et l’agent, en évitant l’effet de "boîte noire" souvent associé aux systèmes d’IA.
Enfin, le texte explore des applications concrètes dans des domaines comme la médecine, l’industrie ou l’éducation, où la discrétion est cruciale. En milieu hospitalier, par exemple, un agent pourrait guider un chirurgien vers un instrument sans détourner son attention de l’opération, en utilisant des indices visuels minimaux intégrés à son champ de vision. Dans l’industrie, des ouvriers pourraient recevoir des alertes de sécurité contextuelles, adaptées à leur position et à leur tâche, sans interrompre leur flux de travail. Ces exemples illustrent comment le cadre Sensible Agent pourrait transformer les interactions homme-machine en les rendant plus fluides, intuitives et respectueuses des contraintes humaines, tout en ouvrant des perspectives pour des environnements de RA plus humain-centrés.
Le travail s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’avenir des interfaces, où la technologie doit s’effacer au profit de l’expérience utilisateur. Les auteurs insistent sur la nécessité de concevoir des agents capables de s’adapter non seulement aux tâches, mais aussi aux émotions et aux intentions des utilisateurs, en combinant des avancées en IA, en psychologie cognitive et en design d’interaction. Si les défis techniques et éthiques restent nombreux, cette approche offre une voie prometteuse pour des systèmes de RA qui enrichissent l’expérience humaine sans la dominer.