Lors d’une conférence de presse récente, l’ancien président Donald Trump a évoqué une « augmentation métrique » des cas d’autisme, attribuant ce phénomène aux vaccins infantiles et à l’acétaminophène, le principe actif du Tylenol, qu’il a vivement déconseillé aux femmes enceintes. Ces déclarations ont suscité l’incompréhension et l’inquiétude parmi les scientifiques et les professionnels de santé. En effet, le lien entre vaccins et autisme a été catégoriquement infirmé par de nombreuses études, comme le souligne James McPartland, psychologue à l’université Yale, qui rappelle que la science a exclu les vaccins comme facteur causal significatif. Quant à l’acétaminophène, bien que certaines recherches aient suggéré un lien avec l’autisme, les études les plus rigoureuses, comme une analyse suédoise portant sur 2,5 millions d’enfants, n’ont trouvé aucune corrélation une fois les biais méthodologiques corrigés. Les experts, dont l’épidémiologiste Ian Douglas, soulignent que d’autres facteurs, tels que des infections ou des prédispositions génétiques, pourraient expliquer les résultats observés dans les études moins robustes.
Parallèlement, l’administration Trump a annoncé vouloir faciliter l’accès à la leucovorine, un médicament présenté comme un traitement potentiel de l’autisme. Ce dérivé de l’acide folique, utilisé depuis des décennies contre les effets secondaires de certains anticancéreux ou pour traiter l’anémie, a montré des résultats prometteurs dans de petites études, mais ceux-ci restent préliminaires et insuffisants pour justifier une accélération de son adoption, selon Matthew Lerner, psychologue à l’institut Drexel Autism. La Coalition for Autism Researchers, regroupant plus de 250 scientifiques, a critiqué ces annonces, jugeant qu’elles alimentent des craintes infondées et créent de faux espoirs, alors qu’il n’existe pas de solution simple contre l’autisme. Les chercheurs rappellent que cette affection, dont la prévalence a augmenté (passant de 1 cas sur 500 en 1995 à 1 sur 31 aujourd’hui), est principalement due à des changements diagnostiques et à une meilleure sensibilisation, plutôt qu’à une explosion réelle des cas.
Concernant l’acétaminophène, les experts insistent sur son innocuité relative pendant la grossesse, lorsqu’il est utilisé avec modération et sous supervision médicale. Le Collège américain des obstétriciens et gynécologues (ACOG) maintient ses recommandations, soulignant que les risques liés à des fièvres non traitées pendant la grossesse sont bien plus graves que les éventuels effets théoriques du médicament. Steven Fleischman, président de l’ACOG, a rappelé que les conditions justifiant la prise d’acétaminophène, comme les infections, peuvent entraîner des complications sévères pour la mère et le fœtus.
S’agissant de la leucovorine, son mécanisme d’action repose sur son rôle dans le transport du folate vers le cerveau, un processus parfois perturbé par des réponses auto-immunes chez certains enfants. Dans les années 2000, des chercheurs allemands ont identifié un petit groupe d’enfants présentant des symptômes neurodéveloppementaux liés à une carence en folate cérébrospinal, améliorés après administration de folinate de calcium. Edward Quadros, biologiste à l’université SUNY Downstate, explique que ces enfants, bien que nés sans anomalie, développent des troubles similaires à l’autisme vers 1 ou 2 ans en raison d’anticorps bloquant les récepteurs du folate. Des doses élevées de leucovorine permettraient alors d’activer une voie alternative pour contourner ce blocage. Toutefois, cette hypothèse ne s’applique qu’à une minorité de cas, et l’idée qu’une proportion significative d’autistes souffrirait d’un dysfonctionnement lié au folate reste marginalement soutenue par la communauté scientifique. Les suppléments de folate, déjà présents dans les vitamines prénatales, restent recommandés pour prévenir les malformations du tube neural, mais leur efficacité dans le traitement de l’autisme n’est pas prouvée à grande échelle.