L’édition du 17 octobre 2025 de The Download, la newsletter quotidienne du MIT Technology Review, aborde plusieurs enjeux technologiques majeurs, mêlant innovations controversées, crises sanitaires et surveillance accrue. Deux sujets dominent particulièrement : la réhabilitation de l’art généré par intelligence artificielle (IA) et l’urgence alarmante de la résistance aux antimicrobiens.
L’art produit par IA, souvent critiqué pour son manque d’originalité ou sa qualité médiocre — qualifié de « slop » (bouillie) —, connaît un tournant inattendu. Malgré les excès et les usages superficiels des outils comme Midjourney ou Runway, certains artistes exploitent ces technologies avec une démarche réfléchie, voire artistique. Leurs œuvres, loin d’être de simples collages algorithmiques, commencent à percer dans des cercles traditionnellement réservés à l’art humain : ventes aux enchères chez Sotheby’s, expositions en galeries, ou même intégration dans des collections muséales. Ce phénomène interroge la légitimité créative de l’IA, tout en révélant un marché en pleine mutation, où la frontière entre art « humain » et « artificiel » s’estompe. L’article souligne que cette évolution s’inscrit dans un numéro spécial du magazine consacré au corps, explorant comment la technologie redéfinit notre rapport à la matérialité et à l’identité.
Parallèlement, un rappel glaçant émane de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : les antibiotiques perdent leur efficacité à un rythme inquiétant. Les infections bactériennes courantes — touchant le sang, les voies urinaires ou le système digestif — deviennent de plus en plus résistantes aux traitements existants. Le scénario est simple et terrifiant : contracter une de ces infections pourrait bientôt signifier un retour à l’ère pré-antibiotiques, où des maladies aujourd’hui bénignes redeviennent mortelles. Pour sensibiliser le public, le MIT Technology Review propose un quiz sur la résistance aux antimicrobiens, soulignant l’urgence d’une prise de conscience collective face à cette « menace fondamentale pour la médecine moderne ». Le problème n’est pas nouveau, mais son aggravation exige des solutions radicales, tant en matière de recherche que de régulation des prescriptions.
D’autres sujets marquants complètent cette édition. La surveillance de masse se renforce aux États-Unis, où l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) étend son arsenal technologique avec des logiciels de reconnaissance irienne, des spyware et des outils de géolocalisation, suscitant des craintes pour les libertés individuelles. Par ailleurs, OpenAI a restreint la génération de vidéos de Martin Luther King Jr. via son outil Sora, après des détournements jugés « irrespectueux », illustrant les défis éthiques posés par les deepfakes. Un autre cas emblématique concerne une adolescente du New Jersey poursuivant les créateurs de l’application ClothOff, utilisée pour fabriquer des images nues truquées d’elle, mettant en lumière les dérives des technologies de déshabillage virtuel et leur impact sur les victimes.
Sur le front climatique, la société chinoise Envision Energy se distingue avec ses éoliennes « intelligentes » et ses projets d’hydrogène vert en Mongolie-Intérieure, tentant de décarboner des industries lourdes. Cependant, un rapport révèle que les véhicules hybrides rechargeables polluent presque autant que les diesels, remettant en cause leur image écologique. Enfin, des innovations plus futiles mais symboliques sont évoquées, comme le téléphone tri-pliant de Samsung ou l’inflation des loyers à San Francisco, exacerbée par l’afflux d’entreprises spécialisées en IA.
En marge de ces actualités, un essai personnel interroge : un deepfake hyperréaliste, comme celui créé par l’entreprise Synthesia à partir de l’image d’une journaliste du MIT Technology Review, peut-il devenir indiscernable de la réalité ? La démonstration, à la fois fascinante et inquiétante, montre que les avancées en génération vidéo rendent obsolètes les repères visuels traditionnels, ouvrant la porte à des usages malveillants — propagande, usurpation d’identité — difficiles à contrer.
Entre espoirs technologiques et dangers imminents, cette édition dessine un paysage contrasté, où l’innovation se heurte à des crises systémiques, tandis que les outils censés nous libérer — IA, antibiotiques, énergies vertes — révèlent aussi leurs faces les plus sombres. La question sous-jacente reste : saurons-nous maîtriser ces forces avant qu’elles ne nous échappent ?